vendredi 30 mars 2007

8,4%


Cette campagne aura au moins servi à réconcilier l'humour et la mathématique. Dernier exemple en date, le merveilleux 8,4% de chômeurs fanfaronné par Breton, soit le plus bas taux de chômage depuis 1983. Les millions de pré-retraités d'office, de stagiaires, de temps-partiellisés et tous les déblayés des statistiques ont accueilli la nouvelle avec sans doute un peu d'incrédulité, leur situation ne leur laissant pas l'esprit suffisamment libre pour goûter le sel de cette rigolade.

C'est Ségolène qui avait lançé la mode de la plaisanterie arithmétique lorsqu'elle réduisit courageusement à un unique bâtiment, notre flotte de sous-marins nucléaires lanceurs d'engins.

Mais on eu aussi le chiffrage des projets et l'empoignade à propos de leur financement, quelque chose comme 30 milliards pour Ségo comme Sarko, chacun s'escrimant pour grignoter ici ou là les marges budgétaires pour financer, qui un nouveau crédit d'impôt, qui une relance de l'industrie textile par la confection massive de drapeaux tricolores. Une évaluation certes moins sourcilleuse que celle de leurs patrimoines respectifs qui, dans cette quête de ressources nouvelles pour financer leur France d'après, avait à leur corps défendant montré la route à suivre : 30 milliards, c'était aussi l'évaluation de la fraude fiscale en France, un montant essentiellement généré par les tripatouillages des entreprises et leurs armées conseillers fiscaux.

Et puis il y eu aussi la dette publique, dont on reporta la charge sur d'innocents bébés à venir, le compteur à millièmes de seconde du site Web de Sarkozy, le suspens des 500 signatures et bien sûr les 10.000 personnes que plusieurs candidats ont réussi à rassembler dans des salles de 5.000 places.

Il y a enfin les sondages dont on connaît la grande fiabilité mais que l'on commente jusqu'à l'écoeurement, et qui avec la joyeuse collection de chiffres que j'ai rappelé, permet tranquillement au débat d'éviter les sujets moins passionnant que sont la justice fiscale, l'Europe sociale, la paix et l'éradication de la pauvreté dans le monde, etc...

Un dernier gag : il reste 23 jours pour débattre.

vendredi 23 mars 2007

C'est formidable Google

Je ne suis pas très fier du procédé consistant quelque part à fliquer ce que notre paysage médiatique contient encore de presse nationale de référence et bien sûr indépendante. Mais il faut reconnaître que la question du traitement médiatique réservé aux uns et autres mérite auscultation. D'autant que depuis lundi, l'époque est parait-il au pluralisme, à une comptabilité scrupuleuse de la pluralité des points de vues et donc à l'équilibre entre le temps de parole des candidats. Au moins sur les ondes puisque les canards peuvent continuer comme si de rien, semble-t-il.

Profitant d'une des nombreuses et formidables fonctionnalités de Google, le seul outil objectivement totalitaire qui m'ai jamais ravi, je me suis amusé à vérifier, au moins sur Internet, le traitement réservé à une poignée de candidats de mon choix, par trois journaux forts célèbres : Libération, Le Monde et Le Figaro. J'ai écarté l'Humanité bien qu'elle rende publiques ses archives depuis 1990, je dirai pourquoi plus bas. J'ai aussi écarté un autre titre de référence, Le Parisien, puisque ses contenus ne sont pas publiés sur le Web en raison d'un nombre excessif d'acheteurs de l'édition papier.

Je précise aussi que j'ai délibérément exclu de mon analyse quelques candidats, et tout particulièrement Arlette Laguiller, afin que nul ne présume qu'il s'agit là d'une analyse sérieuse.

Une comptabilité donc réalisée à partir du corpus des documents publiés sur les sites de ces trois quotidiens, et qui comme toute comptabilité ne dit rien du contenu caché derrière ces chiffres. Les articles en question étaient-ils flatteurs, drôles, incisifs, destructeurs,... Google n'en dit rien, et ce serait là un tout autre travail beaucoup plus fatigant et que je n'ai fait qu'esquisser tout en bas.

Ne voyant plus d'autres précaution oratoire à formuler sinon bien sûr que les volumes d'articles totaux collectés sur ces sites étant très variables, je vais donc exprimer les résultats en pourcentage.

Les mots clés utilisés pour cette « étude » sont donc les suivants :

  • « Marie-George Buffet » (j'ai commencé évidemment par ma préférée)

  • « Ségolène Royal »

  • « Nicolas Sarkozy »

  • « Jean-Marie-Le Pen »

  • « Olivier Besancenot »

  • « José Bové »

  • « François Bayrou »

  • « Dominique Voynet »

Ah, j'oubliais, j'ai, en complément, testé le nombre d'occurences de ces mots-clés dans quelques autres corpus. A commencer par l'ensemble du domaine « .fr », c'est à dire toutes les pages contenues dans tous les sites dont l'adresse se termine par « .fr » : un paquet ! Et je propose que nous en faisions ici une sorte de point de référence puisqu'il regroupe, certes de manière non exhaustive mais significative, un nombre considérable de sites, qui vont du blog, au site personnel, militant, associatif, mais également ceux de médias, de collectivités, et même celui de l'Assemblée Nationale. C'est donc une base dont on peut considérer qu'elle est « raisonnablement » neutre et s'appliquant plus ou moins au seul territoire français.

Voici donc les résultats chiffrés (les pourcentages sont calculés par rapport au nombre total de résultats pour les 8 mots-clés).

Titre/Candidat

Buffet

Royal

Sarkozy

Le Pen

Besancenot

Bové

Bayrou

Voynet

liberation.fr

1,52%

47,42%

20,62%

8,66%

0,77%

5,45%

13,22%

2,35%

lemonde.fr

1,93%

34,05%

32,10%

4,39%

2,52%

3,90%

19,13%

1,98%

lefigaro.fr

2,53%

25,94%

39,58%

6,90%

2,93%

7,16%

12,14%

2,82%

Total

1,83%

37,84%

28,87%

5,84%

1,99%

4,54%

16,95%

2,14%

On y découvre que, dans Libération, le mot « Marie-George Buffet » est publié 31 fois moins que « Ségolène Royal », 5,6 fois moins que "Jean-Marie Le Pen" ou encore 3,6 fois moins que celui de « José Bové ». Le Monde traite de manière plus "équilibrée" Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy qui sont cités chacun environ 17 fois plus souvent que Marie-George-Buffet. Le Figaro est finalement le titre qui traite le moins mal Marie-George Buffet avec 2,53% des citations.

Au total des trois quotidiens, « Marie-George Buffet » termine bonne dernière, avec un petit 1,83% des citations, talonnée toutefois par « Olivier Besancenot » et « Dominique Voynet ». Ces deux là ne sont donc guère mieux traités, même si vous avez raison de remarquer qu'à la différence de « Marie-George Buffet », ils ne sont pas soutenus par un parti qui, même affaibli, continue d'exercer une influence quotidienne et concrète sur le débat public grâce à 150.000 militants infatigables, mais aussi sur la vie de centaines de municipalités, de régions et départements français, sans oublier la représentation nationale avec les groupes parlementaires du Sénat et de l'Assemblée Nationale. Quant à Bové, l'enthousiasme de nos trois quotidiens reste pour moi mystérieux.

Vouloir mesurer la poids réel du mot-clé « Marie-George Buffet » dans le débat public, est une tache difficile. Mais si nous prenons encore Google comme point de référence toujours aussi arbitraire, il semble qu'il l'établirait plutôt autour de 7,8% si l'on "scanne" l'ensemble des sites sous ".fr". Sarko se serait 17,5%, Royal 18,5% et le borgne 13,5%. Je suis déçu certes, mais je suis aussi conduit à m'interroger sur l'étonnant différentiel entre ce chiffre de 7,8% et les 1,83% produits plus haut sur la base de ce que nos 3 grands quotidiens produisent chaque jour.

Que déduire de tout cela ?

Peut-être un projet littéraire, quelque chose comme « La disparition » de Perec, ou comment écrire la campagne des présidentielles sans utiliser le mot « Marie-George Buffet ».

Et puisqu'il est question de littérature, penchons-nous pour finir sur les titres des articles qui auront produit ces maigres 1,83%.

Avec Libération nous avons en tête du top 50 :

- Marie-George Buffet «restera en campagne»

- Marie-George Buffet répond non à José Bové

- A la fête de l'Huma, la gauche de la gauche pas à la joie

- Marie-George Buffet, à la tête d'un front antilibéral en miettes

Pour Le Monde cela donnera :

- LeMonde.fr : Le front "unitaire" antilibéral explose

- Le Monde.fr : Marie-George Buffet lance sa campagne en gommant la référence communiste

- LeMonde.fr : Marie-George Buffet peine à imposer sa candidature au sein du PCF

Et pour le Figaro :

- Marie-George Buffet ne sait sous quelle bannière concourir

- Buffet élue candidate par les militants PC

- Marie-George Buffet «disponible» pour conduire une liste de rassemblement

Décidément...

Quant à L'équipe, ceux que cela amuse pourront en profiter pour tester cette fonction de Google.

Enfin, l'Huma réserve on s'en doutait, une place nettement moins étriquée à Marie-George Buffet, coiffée toutefois sur le poteau par le célèbre ministre d'Etat dont la capacité de nuisance justifie sans doute un tel traitement.


A suivre.

jeudi 15 mars 2007

E-blabla


Deux tables rondes organisées par le Club Sénat, hier après-midi. Je faisais partie de la première et mon ami Jérôme de la seconde. On a parlé campagne sur le Net et NTICs dans les projets des candidats. Le tout diffusé sur la chaîne Public Sénat.

Invités pour l'occasion, outre le PCF, les verts, le PS, l'UDF,l'UMP et le FN. Atterrant : un premier débat où chacun a fait assaut de banalités, se réjouissant que l'Internet permette de donner la parole aux citoyens, déclarant la main sur le coeur que cette E-campagne bougeait les lignes, le tout dans la plus poisseuse E-courtoisie, FN oblige. J'aurais du m'en douter quand, juste avant le débat, l'animateur s'était réjouit : "Vous êtes jeunes, vous êtes beau, vous vous connaissez tous, ça va être sympa". Moi qui ne connaissait personne de la bande, à part Yann Wehrling, l'ex-jeune secrétaire national des verts, plutôt sympa en ce qu'il dégage une mélancolie inhabituelle en politique, j'ai médité tout cela avec la maquilleuse.

Le débat mou s'est enlisé poliment entre des débatteurs qui n'avaient d'yeux que pour la charmante représentante du candidat Bayrou, sorte de sympathique mini-ségo débitant son blabla positif sur la E-campagne. Qu'en auront retenu les téléspectateurs ? Sans doute cette information extorquée et que j'ai délivré avec une candeur dont j'aurais voulu croire qu'elle me serait créditée : Marie-George Buffet n'utilise pas Internet, à titre personnel s'entend. Les autres n'ont même pas eu à jurer du contraire et il faut que je retienne la leçon : ne jamais répondre aux questions des journalistes. Un point positif tout de même, ma chemise blanche aura du être très utile aux cameramans pour leur "balance des blancs".

Le second débat sur les NTICs, fût un peu plus animé. Jérôme dans son costard façon Caisse des dépôts et consignation, a lancé sa machine froide à concasser les E-politiciens ; avec un certain brio qui fait toujours plaisir, et qui fût accueilli d'un froncement de sourcil par ses camarades de jeu et par un auditoire constitué pour une belle part de tout de ce que le Medef compte d'E-entrepreneur. Le sourire gourmand de Loïc Le Meur n'aura pas convaincu, contrairement au type du PS - je ne me souviens plus de son nom, et dont le message est bien passé : "Mais si, nous aussi nous sommes libéraux". A part Jérôme, Yann Wehrling qui était aussi de cette partie là, a prodigué dans le même spleen élégant les seules quelques idées ravivant le souvenir d'une E-gauche de gauche.

Pour ceux qui veulent voir des extraits (mes uniques et médiocres prestations compilées par un ami).

mardi 13 mars 2007

Bonnet libéral et liberal bonnet


Les courbes vont-elles se croiser ? Ségolène Royal n'en finit pas d'atterrir et François Bayrou de monter. Sur tous les médias, la droite et l'extrême droite caracolent et le PS s'affole. Le "feu au lac" : c'est la métaphore helvétique brandie par Mélanchon et que le staff de Ségolène veut ignorer. En avant, calme et droit, ils vont porter sereinement jusqu'au bout le cercueil d'une gauche oublieuse d'elle même.

Royal devenue candidate lors des primaires du PS pour sa capacité présumée à battre Sarkozy au second tour, se voit souffler tranquillement ce rôle par un Bayrou dont la posture Chamallow tente de dissimuler l'identité libérale et droitière. Et puisque les français ne distinguent plus de différence entre leurs projets respectifs (43 % des sympathisants de gauche ne jugent pas différents les projets de Royal et Bayrou selon Libération du 13 mars 2007), autant voter utilement pour celui qui semble le plus capable de nous débarrasser du "petit foutriquet" (selon le mot de Tardi, le nouvel avatar d'Adolphe Thiers).

A 6 semaines, est-il encore temps de changer le scénario de ce navet politique ? Qui peut relever le drapeau de la gauche ? Comment redonner espoir aux hommes et femmes de gauche désorientés par l'irresponsabilité du PS et les scores très faibles dont les sondages semblent créditer une gauche antilibérale divisée. Il y a urgence à ce que la gauche se ressaisisse, se parle et donne une nouvelle impulsion à cette campagne. Marie-George Buffet sonne l'alarme. Elle veut réveiller cette gauche tétanisée ou plus préoccupée de signatures que de construire une alternative et un rassemblement victorieux.

Mettons en fuite les bonnets de nuit libéraux et empêchons la gauche jersey de tricoter le fin mot de l'histoire. Il est encore temps.

mardi 6 mars 2007

Vous le savez

Qui en est responsable ? C'est l'Institut Montaigne, think tank ultra-libéral présidé par Claude Bébéar, ancien pédégé du groupe Axa qui s'est payé ce beau cadeau.

D'où viennent les fonds qui l'ont financé ? C'est encore un peu obscur, même si KPMG, cabinet d'audit et de conseil en management apparaît comme mécène de l'opération. Une chose est sûre, cela ne sera heureusement pas affecté aux comptes de campagne de Sarko.

A quoi ça sert ? Ben à faire passer quelques idées simples dans les têtes des nonos qui regardent TF1 vers 20h. Des idées pour demain, c'est le nom, même si ces idées sentent bon la naphtaline des armoires du Medef. Bref, ça sert à peser dans le paysage idéologique des présidentielles, mais sur le mode des conseils bricolages que prodiguent aussi efficacement Leroy Merlin. "Vous le savez.... par le passé, l'état a beaucoup dépensé. Notre dette est devenue un lourd fardeau que nos enfants vont devoir supporter". Et voilà le travail.

Qu'est ce que c'est ? Un programme court : une combine pour segmenter les tunnels de pubs et contourner ainsi la législation qui en contrôle le volume. D'habitude c'est la météo des plages, le livre du jour ou encore la success story d'un artisan bien méritant. Mais là, c'est tout simplement un spot de pub politique.

Nicolas Sarkozy est-il content ? Bien sûr, mais Bayrou aussi et Ségolène, encore un petit effort, pourrait, si ce n'est déjà fait, saupoudrer son ordre juste de quelques unes de ces idées pour demain.

La fondation Gabriel Péri, ou Copernic peuvent-elles, elles aussi disposer d'une telle tribune en prime time ? Qu'elles demandent à Price Waterhouse Coopers ou Accenture de financer la même chose, et à TF1 de l'accueillir sur leur antenne, elles verront bien.

Vous ne comprenez rien à ce que je raconte ? Allez, j'offre une petite tartine de déconfiture libérale (j'ai chopé le code source sur leur site car ils ont interdit l'accès sur Dailymotion, les andouilles).



Une proposition belle et bonne qui pose toutefois la question suivante : à quoi sert donc la Cour des Comptes ? En tout cas, ça fait moins rond de cuir.

Pour ceux qui en veulent plus
.

Profitez en, cela ne dure que jusqu'au 9 mars.

samedi 3 mars 2007

Signatures ou pas ?


Signera, signera pas. Le suspens à propos des parrainages monte et les médias aiment cela. Il faut dire que c'est tout de même une règle étrange que ce couperet des 500 signatures. Une arnaque dans l'arnaque en quelque sorte puisque l'élection présidentielle au suffrage universel n'est qu'un sous-produit démocratique, le plébiscite du meilleur berger (ou de la meilleur bergère).

Mais pour exister, les aspirants bergers doivent concourir. Alors forcément, il y en a qui râlent. Bové et Besancenot par exemple qui pourraient bien ne pas franchir la ligne de départ. La guéguerre est engagée entre eux pour rafler à l'autre les signatures qui font défaut. Il faut dire qu'ils n'ont, semble-t-il, pas d'arguments aussi convaincants que ceux de Jean-Marie Le Pen, qui a en croire Le Parisien, n'hésite pas à sortir son carnet de chèque pour amadouer les élus : « Vous trouverez ci-joint, un chèque de 1.000 euros, pour vos bonnes œuvres M. le Maire ».

Nos deux « B » bien mal partis râlent contre le PS bien sûr, mais ils râlent aussi après le PCF, ce "torpilleur soviétique" de l'unité antilibérale. Soviétisme oblige, il devrait exiger de "ses" élus qu'ils soutiennent moins Buffet (elle disposerait d'ores et déjà de 500 signatures) et aident à fabriquer un peu plus de division à gauche. Une exigence qui a toutes les chances d'être parfaitement comprise...

Un beau débat qui permet aux médias de continuer à fouetter leurs autres mayonnaises à suspens : Bayrou sera-t-il président comme la Sainte vierge le lui a promis ?

Mes points de vue comme élu chellois

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