lundi 2 avril 2007

35.000


Il est 13h30. Les mille que je connais si bien sont déjà là, bien sûr, et là haut cela arrive par grappe, dix par ci, dix par là. Maintenant, j'en suis sûr, j'avais raison. Remplir Bercy... Ce sont les sondages qui ont raison. On a pris nos désirs pour des réalités. Comment va-t-on gérer cela ? On sera 3 ou 4000, pas plus, et il faudra s'égosiller pour 5. Les médias s'en donneront à coeur joie. On va l'avoir notre couverture médiatique et elle va nous tenir chaud dans la dernière ligne droite.

13H40, d'autres sont arrivés et s'installent. Les gens sont calmes, contents de se retrouver et ne semblent pas voir l'échec retentissant se dessiner. La diffusion sur Internet de ce fiasco dont je suis plus ou moins chargé est sur les rails, je tourne en rond et mon badge « organisation » paraît le plus dérisoire de tous les badges. Il me permet au moins de filer dans les coulisses géantes et glauques de Bercy, ce que je fais illico. Un tour à la cantine neurasthénique des rodies achève de me convaincre que ce qu'il reste à déguster en ce 1er avril, c'est, au choix le gag du même nom ou la beauté tragique du communisme forcément finissant.

Il est 14h00, j'y retourne pour en avoir le coeur net et remonter petitement de ma présence, le moral de Marcel et son orchestre qui lance pourtant gaiement les « la jeunesse emmerde Nelly Olson » que j'entends de loin.

Il est 14h15, et nous sommes maintenant 12.000 et cela arrive encore, en masse. Les quinquas dont Le Monde parlera demain ont dévalé les pentes de l'arène, les septua se pressent aussi et courent après ceux de 20 ans qui ont déjà rejoint la sarabande rose et frisée des Marcels.

14h30, ça y est. Nous sommes maintenant 15 000 et le micro salue les 20 000 « internautes » qui sont également avec nous. 35.000. Bercy chavire maintenant et moi je vole.

Comme pour tous les meetings, je n'écoute pas. Ce que dira Marie-George, je le lirai tout à l'heure ou demain. Je ne veux pas que les discours couvrent de leur rationalité pourtant si utile ce qui fait l'incroyable du moment. Je hume, je regarde la lumière des visages, je goûte le plaisir vulgaire des stades.

35.000, à ce foutre des sondages, de Pascal Virot, Sylvia Zappi et d'Arlette Chabot, les tacherons de l'ordre triste et qui ce soir ou demain, dans Le Monde, Libération, TF1, France 2 et Canal trouveront les mots acidulés qui couvriront la ôla de Bercy. Car bien sûr, personne ne le niera, Marie-George aura effectivement fait le plein à Bercy, mais pour eux, vous verrez, ce sera comme une citerne qu'on aura remplit d'un liquide inerte et docile.

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