mercredi 28 février 2007

CommuNtics : le ''general intellect'' contre le marché


Avez-vous déjà entendu glousser les libéraux libertaires devant cet archaïsme monumental, devant l'incongruité d'un communisme encore présent dans cette France "moderne", incongruité pas tout à fait compensée par le côté folklorique de l'affaire ? Qu'il reste encore des communistes en liberté à l'extérieur des écomusées de la mine ou du textile, voilà qui continue de surprendre. Ils n'en reviennent pas nos libéraux libertaires et n'ont de cesse de pointer tous ces sujets essentiels, qui font ce siècle si nouveau et pour lesquels décidément, on est en droit de se demander ce qu'un communiste peut bien y comprendre. Si en matière de machines-outils, les cocos peuvent encore revendiquer à leurs yeux quelques compétences, le matérialisme dialectique est présumé inopérant en matière d'électrons et d'immatériel, de technologies nouvelles.

Leur désarroi est même total quand la réalité ne cadre pas avec cet anti-communisme binaire. Deux quotidiens, l'un de droite (Le Figaro) et l'autre de droite (Le Monde) en font une belle démonstration, s'inquiétant de "l'étonnante notoriété des vidéos communistes" sur Internet. La propagande coco « vue » plus de 500 000 fois ! Il y avait là matière à enquêter et dénoncer le double coup de main des staliniens sur la startup française Dailymotion et le débat public des présidentielles. Le 29 mai leur avait suffit, on ne tromperait pas leur vigilance une seconde fois.

Mais revenons au sujet, l'inadaptation du soviétisme sidérurgique au Web 2.0, le combinat de Kouznetsk contre Palo Alto et la Silicon Valley.

Mobilité, souplesse, changement... La razzia libérale sur le vocabulaire de la modernité, de la réforme et du progrès semblait achevé à l'aube des 90's. Et voici que se levait le soleil d'Internet, le rêve d'Adam Smith, un réseau global comme concrétisation d'un marché chimiquement pur. Après Venise, Londres et Los Angeles, le centre de gravité diffus du capitalisme mondial devenait Internet. Une amérique à venir en quelque sorte, avec son Farwest, ses colons et ses bandits, ses grands espaces, son ciel et son avenir radieux.

Ce discours culmina tout d'abord à la fin du siècle dernier. Bulle Internet aidant, la nouvelle économie ravissait nos chroniqueurs de la modernité. Mais cette hystérie puérile pris soudainement fin lorsque les banquiers sifflèrent la fin de la récré. La bulle crévée et les petits porteurs téméraires asphyxiés par ce prout financier, les nouveaux économistes sont restés un temps silencieux.

Mais ils reprennent du poil de la bête. Car l'enjeu est de taille : comment marchandiser l'immatériel ? Nouveau défi d'un capitalisme qui prend soudain conscience d'une menace inattendue.

Certes, le danger sembla d'abord modeste : de petits îlots d'utopie se manifestant dans un désordre apparent et peuplés de doux dingues. Leur nom, Wikipedia, Pear2Pear ou encore Linux et leur livre d'or GPL ou Creative Commons. Pas de quoi fouetter un actionnaire. Mais très vite il devint clair aux yeux du marché que cet archipel émergent pouvait faire continent. Au 4 coins de la Toile, des subversifs qui s'ignorent, produisent, échangent et consomment des biens hors marché, sourds aux conseils et intimidations qu'on leur prodigue. Ils sont 100 millions aujourd'hui et par un prompt renfort, ils seront mille millions demain.

Le rêve d'Adam Smith est en train de tourner au cauchemar, car c'est bien celui du Karl des Gründrisse et son General Intellect qui semble devoir s'imposer comme modèle de développement réel de l'Internet.

Nos libéraux libertaire de plus haut n'ont pas tout bien compris. On va leur expliquer après une page de publicité :

- Les propositions de Marie-George Buffet pour relever les défis de la civilisation de la connaissance.
- Le logiciel libre est-il communiste ? Peut-être bien...

mercredi 21 février 2007

"Vous avez raison"


C'est selon Le Monde.fr, la phrase la plus souvent prononcée par la candidate socialiste lors de son show hier soir sur TF1. "Vous avez raison". A quel sujet ? Pour Ségolène, peu importe. Puisque les convictions semblent devoir être nécessairement suspectes, il faut les euphémiser et les ensevelir sous une avalanche de "Vous avez raison" participatifs. Car sous son brushing, Ségo théorise depuis des mois cette nouvelle façon de faire de la politique : le débat participatif c'est comme les produits de beauté, ça ne sert à rien mais c'est un marché porteur.

Ségo nous a donc appliqué longuement son soin actif revitalisant du débat politique : le participatif mou comme il y eut le consensus flasque. Surtout ne pas déplaire, ne pas heurter, et enfiler en douceur les perles et les oxymores : l'ordre juste c'est à dire le social-libéralisme.

Allez, un petit extrait pour la route :

"Je suis socialiste. Je porte des valeurs gauche parce que j'ai farouchement ancrée dans mes convictions la nécessité de lutter contre les inégalités. En même temps je suis moderne parce que je suis réaliste, je veux aider les entreprises à créer des activités et des emplois."

Elle régurgite sans sourciller cette platitude de jeune giscardienne dont on mesure le sel en supprimant les éléments qui en parasitent la bonne compréhension.

« Je suis socialiste (...). En même temps je suis moderne parce que je suis réaliste ».

C'est beau comme du Bayrou.

Vivement le second tour.

dimanche 18 février 2007

Michel, on fraie ?

Il y a quelques jours, c'était avant d'être re-papa, je m'étais arrêté sur un entretien de Michel Onfray avec Philipe Raynaud dans le Nouvel Obs.

Un peu hypocritement, le billet se terminait par un "ceci dit" où je m'invitais à lire Onfray avant d'en dire plus de mal. Quelques commentaires m'indiquèrent illico les bonnes feuilles des bonnes oeuvres du philosophe. Mais je suis un peu fainéant et les récentes journées m'ont tenu éloigné de la Fnac.

Heureusement, Michel Onfray vient de me rendre un fier service qui m'évitera sans doute définitevement de transpirer sur sa litérature. J'ai, visiblement comme lui, la rancune assez tenace et je suis, comme lui, toujours près à me livrer aux plaisirs de l'aveuglement.

- "Mais qu'est ce qui te prend Michel ?"

C'est sans doute ce qu'a du lui dire José Bové qui voudrait continuer à bichonner ses amis "communistes unitaires", lorqu'il a découvert le billet pondu par le bouillant philosophe sur le blog que lui procure l'inévitable Nouvel Obs.

- "Ben je sais pas, je nettoyais mon anti-communisme primaire et le coup est parti tout seul."

Faut dire que Michel n'y est pas allé de main morte pour réduire en purée ce repaire de staliniens, d'antisémites, de menteurs et de crétins qu'est le PCF. Le discours est très argumenté et visiblement documenté. Les arguments de générations de glaviotteurs de droite et d'extrème droite sont mis au service de la démonstration d'Onfray. C'est beau comme du Griotteray. Alors Michel, on fraye ?

Un exposé en forme de leçon à Maurice, ce "pauvre Maurice", "dévôt de la religion communiste", ex-ajusteur et militant : un crétin en quelque sorte.

Quel con ce Maurice quand même. Et tu vas voir qu'il n'aura pas compris la leçon et qu'il va voter Buffet quand même.

vendredi 2 février 2007

3, 2, 1, pschitt


C'est assez loin d'être certain, et ce n'est même encore que le micro poil millimétrique d'une légère d'inflexion : depuis quelques temps, la candidature de Marie-George semble avoir pris la tête du groupetto antilibéral. Est-ce durable ? Je prend bêtement mes désirs pour des réalités et mes pronostics ont toujours été catastrophiquement contredits (sauf pour le Référendum). Donc prudence et même méfiance à l'égard des sondages. On ne le dira jamais assez.

Notre ami Bové qui vient de dire banco, en fait sûrement autant, prenant toute la distance nécessaire avec les études qui indiquent que 71% des électeurs ne souhaitent pas qu'il soit candidat à la présidentielle, où celles qui le créditent ce jour d'environ 1% des intentions de vote (plusieurs en fait, mais une aussi à 3%). C'est vrai que Bové qui s 'attendait à entrer en course avec pour point de départ de la dynamique qu'il voudrait bien créer, un confortable 7%, a toutes les raisons de manier ces chiffres avec la prudence requise.

Fort heureusement pour lui, les médias continuent leur travail salutaire pour faucher bien ras les antilibéraux transgéniques qui pourraient lui faire de l'ombre. C'est vraiment chouette de leur part.

Sur la vidéo du Monde, j'ai vu derrière l'animal qui professait l'insurrection électorale, quelqu'un que j'apprécie. Jacques, tu t'es trompé de galère.

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