lundi 29 janvier 2007

Michel Onfray "gogo"

J'avoue avoir été quelque peu étonné des récents propos de Michel Onfray, dans une interview croisée avec Philippe Raynaud parue dans le nouvel observateur du 25 janvier et intitulée : « A quoi sert l'extrême gauche ? ».

Le philosophe s'y définit comme « gaullo-gauchiste » : un « gogo » en quelque sorte. Qu'est ce à dire ? La branche politique qui manquait à la bourgeoisie bohème ? Le mystère se dissipe malheureusement trop rapidement : « Je défends la Constitution de 1958 » annonce-t-il. Finalement, ce qui manquerait à l'antilibéralisme de gauche, c'est une figure, une incarnation du désir politique. Les forces de transformation sociale seraient entravées dans leur quête du pouvoir par une sorte de « pudeur libertaire » qui condamnerait d'emblée le « je », qui interdirait toute émergence d'une individualité salvatrice, d'un leader conquérant. Onfray avance alors une idée neuve : la présidentielle, c'est « la rencontre d'un homme et d'un peuple ». Les mauvaises langues diront que c'est bien utile pour éviter de chercher du côté des femmes. Ils pourraient en conclure qu'Onfray, tout au décryptage de l'inconscient antilibéral, laisse le sien baguenauder dangereusement : une belle paire de moustaches, cela ce voit de loin et c'est bien mieux pour fédérer. Mais là n'est évidemment pas ce qui retiens l'attention, j'y reviendrais.

Onfray avait prévenu d'emblée : « On peut donc être, ce qui est mon cas, antilibéral et défenseur du capitalisme ». Selon lui, le véritable ennemi, ce sont les « microfascismes ». Micro, donc pas bien lourds, mais fascistes tout de même. Pour ceux qui ne suivent pas, subir un « microfascisme », c'est pas exemple, ne pas avoir de logement, de travail,... Rien à voir donc avec le capitalisme.

Face aux « microfascismes », point n'est donc besoin de macrostructures, d'organisations collectives, en un mot de partis. La rébellion intelligente se fera bien sûr à coup de « microrésistances » pour une meilleure flexibilité dans le combat, un plus « d'agilité » dirait Ségolène Royale.

Défendre le capitalisme, quête du leader maximo, flexibilité, discours du « pragmatisme » contre l'idéologie... : une tonalité qu'on attendait pas chez quelqu'un qui depuis plusieurs mois, n'hésite pas à prendre part, avec le retentissement nécessaire, au débat de l'antilibéralisme et des présidentielles.

Je n'ai jamais lu Onfray, mais je m'en faisais une idée, disons agréable. Celle d'un philosophe que les classes dominantes ne seraient pas encore parvenus à dresser comme chien de garde. Avec toutefois une petite note de méfiance, que son propos vient de renforcer et que j'espère dissiper en me décidant à le lire.

lundi 22 janvier 2007

Bové à la campagne


L'affaire était bien montée. Après l'échec du double consensus, José avait mis une double condition à son entrée en campagne : le retrait des candidatures de Marie-George et d'Olivier, et d'abord une "grande" dynamique de soutien. Il faut dire que José avait mis la barre assez bas : 10.000 signatures devait suffire à faire la démonstration d'un élan sans précédent. Le ban et l'arrière ban de l'antilibéralisme goût nature avait été rameuté vite fait bien fait, avec il faut le dire, le coup de main bienveillant des médias, notamment de Denisot sur Canal qui s'extasiait le 8 janvier sur « ce qui est en train de se passer autour de José Bové ».

24.930 clics et quelques hourras montreuillois plus tard, notre ami José va pouvoir enfin goûter le charme bucolique de la campagne. Dans une réunion épurée des militants qui avaient, ce week-end là, choisis d'aller tracter aux portes des grande surfaces ou débattre au pied des cités, tout devenait possible comme dirait Nicolas. Désigné par acclamation comme au bon vieux temps des congrès bolchéviques, José va pouvoir accomplir le rêve de Salesse : faire la preuve dans cette campagne, de sa « capacité de nuisance ».

Oubliées au passage les promesses de ne pas rajouter de la division à la division. Oubliés les mois de débats qui avaient vu sa candidature rapidement écartée par l'immense majorité des militants des collectifs. Oubliés les dizaines de milliers de militants, d'hommes et de femmes de gauche qui sont d'ores et déjà impliqués dans une campagne. Ce ne sont pas des détails qui arrêteront l'homme qui va bouleverser la gauche.

Nous échangerons dans quelques jours dans mon collectif. Il y aura sans doute un peu de colère et d'amertume, mais dans l'ensemble, on va bien rigoler.

Et d'ici là, j'irais me faire un petit concert au Zénith.

jeudi 18 janvier 2007

Médias : dur de sortir de la cuisine politicienne

Libération et Le Monde "couvrent" aujourd'hui les "voeux à la presse" de Marie George Buffet, rencontre qui s'est tenue hier Place du Colonel Fabien.

Une certaine diversité d'analyses ressort des articles de Mme Zappi et de M. Virot. Certes, dans leurs articles, on ne saura rien des nombreuses propositions que Mme Buffet a énoncé dans son intervention : sur le logement, sur la fiscalité, sur l'éducation, sur la jeunesse, sur l'emploi, sur la politique internationale. Tout cela n'avait évidemment pas suffisamment d'intérêt.

Mieux valait pour nos "journalistes politiques", se situer dans le champ plus fécond des querelles byzantines qui animent encore quelques collectifs antilibéraux : retour de Bové ou pas ? Avec une diversité d'approche assez étonnante entre les deux journaux, dès le titre.

- Le Monde : Mme Buffet ne répond pas à l'appel de José Bové
- Libération : Marie-George Buffet répond non à José Bové

Avec une telle diversité de point de vue, nous voilà bien informé.

mardi 16 janvier 2007

Médias : discrimination négative

Les principaux médias d'information semblent ne rien vouloir comprendre ni apprendre. Au delà des ''mea culpa'' de principe prononcés du bout des lèvres après le marketing actif dont ils ont fait preuve pendant la campagne du référendum, ce début de campagne démontre un certain esprit de continuité. Les chiffres du CSA sont éloquents : au mois de décembre, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy auront cumulé à eux seuls plus de la moitié du temps d'antenne des journaux télévisés des 3 principales chaînes hertziennes. Un matraquage qui prend parfois des allures de caricature : sur BFM, le couple SaRoyale/RoyKosy aura bénéficié de 12 heures de temps de parole (sur les 24 du mois de décembre) quand Marie-George Buffet n’aura eu droit qu’à... une minute. Cette bipolarisation intolérable du débat public ne semble pas devoir émouvoir les dirigeants de ces grands médias : s'appuyant sur la formulation ambiguë du CSA qui appelle à un « traitement équitable » des candidats, ils s'approprient le droit de distribuer les temps d'antenne pour fabriquer les scénarios qu'ils ont imaginé pour un débat public d'ampleur et d'importance considérables. Mais si la gauche populaire et antilibérale ne doit pas abandonner cette lutte pour que d'autres voix puissent se faire entendre sur les plateaux de télé, notre responsabilité est aussi de construire les outils médiatiques qui peuvent aider au pluralisme de ce débat. Alors que les commentateurs et sondeurs s'interrogent sur les rebondissements people que cette campagne réserve, c'est bien, comme pour le référendum, l'irruption citoyenne dans le débat qui pourrait créer la surprise.

Mes points de vue comme élu chellois

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